Editorial

Voir ce que l’on avait pas vu

Deux événements vécus en équipe de rédaction m’inspirent cet éditorial d’été.

Monique – vous connaissez: la « Monique raconte … » – nous surprend encore une fois par son regard sur des événements tellement ordinaires de la vie quotidienne. Ils passent habituellement inaperçus à nos regards distraits ou pressés. « Je ne sais pas pourquoi, explique-t-elle, je vois toujours des choses que les autres ne voient pas. » Une question de disponibilité à l’inattendu, d’ouverture de son horizon, de curiosité, d’esprit d’enfance pour qui tout est matière à découverte ?

Nous avons tous fait cette expérience de passer au milieu des rayons d’un magasin connu et de ne jamais y avoir vu tel article, pourtant bien intéressant. Il aura suffi d’une amie pour nous en parler et pour nous montrer l’usage qu’elle en fait pour que, lors de toutes nos prochaines courses en ce magasin, nous voyions ce produit. La publicité a beau nous matraquer avec insistance, elle ne parvient pas toujours à lever le voile de notre cécité. Un clin d’œil d’une amie nous ouvre mieux les yeux.

L’été, les vacances, ne serait-ce pas le beau temps d’ouvrir les yeux ?

Le second événement résulte de l’article de Nicole: « Vierge et mère ». Il nous a valu un bel échange … que je pourrais vous suggérer en équipe, pourquoi pas ? Que d’œillères possibles,
malheureusement: notre regard moderne de scientifiques, notre ignorance de la mentalité biblique, notre désir de porter aux nues une femme estimée, … Eh oui, parfois, il faut déblayer pour construire, abandonner certaines vues pour s’ouvrir à de plus belles. Nous sortons du mois de mai, mois de Marie et nous allons vers le 15 août, l’Assomption: belle occasion de réviser notre regard sur la vie presqu’inconnue d’une femme où tout ce qui est dit d’elle parle avant tout de qui est le Seigneur. Ne serait-ce pas le beau temps de la regarder comme une des nôtres et pas une idole, dans sa belle, forte et proche humanité ?

Nous étions en balade, lors d’un camp Patro. Et voilà qu’un benjamin se met en arrêt, regarde et dit «Merci Jésus, pour le cheval.» D’abord interloqué, tout le groupe s’arrête également. Tout le monde avait vu le cheval dans le pré, mais tout le monde passait, sans plus. Lui, il a vu le cheval, il a vu qu’il était admirable et même, il a vu qu’il était: cadeau … et son regard s’est fait reconnaissant.

Mais il est d’autres réalités à voir également. Théo Francken, secrétaire d’Etat à l’asile et la migration, s’est rendu dernièrement à l’île de Lampedusa. Qu’a-t-il vu? Au dernier festival de Liège, une pièce de théâtre avait pour titre: « Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu ». Rien de neuf sous le soleil: sur la route de Jéricho déjà, l’homme blessé a dû attendre le passage d’un troisième « bon samaritain » avant d’être réellement vu et considéré.

L’été, les vacances, ne serait-ce pas le beau temps d’ouvrir les yeux et de se les ouvrir mutuellement ?

Je revois Jésus ouvrir les yeux de l’aveugle et celui-ci dire aux Scribes et Pharisiens sans plus d’explication: «Et maintenant, je vois.» Et j’aime penser qu’au-delà de ses yeux de chair, cet aveugle a trouvé ou retrouvé le regard du cœur, de l’émerveillement, de la compassion, de la gratitude, etc. Un miracle dont nous avons sans doute tous besoin, un miracle à notre portée. L’été, les vacances, ne serait-ce pas le beau temps d’ouvrir les yeux du cœur ?

Tout au long de la lecture de ce numéro, par la grâce des diverses plumes, vous allez en voir des choses! Poésie de Marie-Jo, poésies proposées par Monique (Andenne), regard ‘affamé de bonne nouvelle’ de Marie-Noëlle, regard de saint Jacques sur ce qu’est la vie de foi, regard d’Emmanuel ‘au gré de la nature’, regard surprenant sur les virus et les dons de l’Esprit, …

La belle saison ! Telle est la définition courante des cruciverbistes pour dire l’été. Pourquoi ne le nommerions-nous pas: le temps de la belle vision ?

Frédéric Paque

Et n’oubliez pas :

les 24 et 25 octobre 2015,
F+R est montois! Et toi ?

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