Editorial de la Revue de Mars 2014

Il y a 3 ans, nous étions à New York, en ce début de Carême. Le soir du mercredi des cendres, nous avions rendez-vous avec un couple d’amis américains que nous n’avions plus vus depuis de nombreuses années. Invités au resto, comme il se doit ! Ne pas accepter, c’est ne pas les voir, car un autre jour n’est pas possible pour eux. Ne pas manger de viande (dans ce Steak house restaurant où ils ont réservé une table) c’est presque impossible et c’est aussi ne pas se montrer respectueux – ils ont fait des centaines de km pour que l’on puisse se voir.
Au nom de l’amitié humaine, nous mettons donc notre traditionnel (et très relatif) jeûne entre parenthèses.

ashesAu matin de ce même mercredi, dans l’ascenseur de l’Hôtel, nous croisons un jeune avec des cendres sur le front. Occasion d’entamer la conversation. Il revenait d’une église pas loin.
J’ai envie de participer à une célébration. Ça ne m’est plus arrivé depuis des dizaines d’années ! Mais je ne veux pas l’imposer au reste de la famille ! Des visites sont programmées pour bien rentabiliser notre temps dans The Big Apple !

Au centre-ville, devant les églises, des barrières qui canalisent les fidèles de tous âges, qui vont à l’intérieur se faire mettre une petite croix de cendres sur le front. Avant d’aller vaquer à leurs occupations, travail, école, shopping …

Et donc je me mets dans une file, ce ne sera pas long. Et finalement la famille suit ! Une petite croix de la main du prêtre, une courte parole, une petite prière si on veut et nous nous retrouvons tous les 5 avec une petite tâche de cendres sur le front. Sans ostentation mais aussi sans complexe ! Et nous croisons de nombreux aliens comme nous sur les trottoirs ! Dans un magasin de vêtements, près des cabines d’essayage, l’un des jeunes éphèbes d’Abercrombie & Fitch (avec sa petite croix au front) me dit « Christian too? » Conversation souriante !

Ce petit symbole désuet en ce début de carême (qui pour beaucoup est devenu une vaste et négligeable blague) ne s’est pas révélé sans importance. Signe de reconnaissance discret, il a ouvert quelques dialogues, il m’a donné le sentiment de ne pas être seul, d’appartenir à une communauté, et cela m’a fait chaud au cœur.

Au-delà de ces signes religieux, plus ou moins voyants ou discrets, que nos sociétés laïques veulent bannir à tout prix à force de décrets et d’égalité, j’ai repensé à une parole fondatrice de l’évangile de Jésus, donnée lors du dernier repas, comme la chose la plus essentielle que l’on dit avant de partir pour toujours :

« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres.» Jn 13, 34-35

C’est le signe Premier, celui que l’on ne peut nous enlever, mais le plus difficile aussi peut-être à arborer ! il peut ouvrir des dialogues, peut donner le sentiment de ne pas être seul, d’appartenir à une communauté. Il fait chaud au cœur.
Bon chemin vers Pâques à vous tous !

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Marc – Poudrière