Nomade sans bagage

« Moi, le nomade sans bagage, je cherche une route de foi. »

Nous aimerions, pour présenter notre mouvement, partager d’abord avec vous notre prière et notre charte.

Nous avons pleinement conscience que notre route n’est qu’une route parmi les autres ; un moyen ; parmi tous les moyens, pour accéder à cette harmonie intérieure que nous poursuivons d’une quête parfois désespérée.

Nous sommes loin d’être parfaits ; nous souffrons, comme l’Eglise, comme la famille, comme le monde, d’une certaine difficulté d’appréciation et d’adaptation à des situations nouvelles. F+ R connaît dans le temps et dans l’espace ombres et lumières.
Mais propose – et c’est là sa spécificité – une piste balisée des valeurs de fraternité, de simplicité et de naturel où il essaie de rejoindre Dieu, les autres, et toute la création.

Mouvement « au ras des pâquerettes »

– Comme des fleurs sauvages…
Ce premier flash sur F+R peut faire sursauter et est sans doute équivoque en ce sens qu’il laisse penser à un idéal au rabais, ce que contredisent charte et prière. L’expression est de Simon-Pierre Arnold qui nous a accompagnés en tant qu’animateur spirituel.
Elle traduit, par une image banale, l’ancrage de F+R dans la réalité quotidienne des joies et des peines vécues, l’ouverture fraternelle et confiante que l’on y recherche avec plus ou moins de bonheur.

– Comme l’évangile à portée du coeur et de la volonté…
Les cinq points de notre charte nous ramènent très vigoureusement à des priorités évangéliques qui ont un rapport direct avec notre vie et notre idéal. C’est autour de ces cinq points et du Christ qui les inspire que se rassemblent nos équipes et leurs aumôniers, lesquels sont frères parmi les autres frères, ni plus, ni moins.

– Comme des ronds dans l’eau…
Mais F+R marche dans le siècle et sa Route ne peut en éviter les aspérités, les dangers et les séductions. Il n’échappe pas aux pressions de son environnement social, culturel, économique ou religieux, et vit donc, lui aussi, des situations nouvelles, dérangeantes et douloureuses.
Après s’être interrogé sur son visage actuel et l’avoir découvert aussi varié que peuvent l’être ses équipes, F+R a décidé d’étendre son accueil à toutes les différences.
Il n’est pas rare de compter dans une même équipe des couples et des personnes seules (veuves, divorcées, célibataires) ou des membres d’âge différent. Il est évident que cela trouble l’image nette et sécurisante du mouvement de foyers et de familles que nous avons été et que nous sommes d’ailleurs encore. Mais si risque il y a, n’est-il pas du même type que celui que l’on prend dans la fraternité, dans l’amitié ou dans l’amour ?
F+R s’efforce de ne pas juger. C’est pour ces raisons que l’on peut ajouter que si F+R est un mouvement « au ras des pâquerettes », il est aussi :

Mouvement « du seuil ou des frontières »

– Comme des pèlerins: ébranlés…
Il est vrai que, de plus en plus, nous accueillons la personne là où elle est, pourvu qu’elle soit en recherche et accepte Jésus-Christ comme référence. Et c’est très souvent dans celle zone où, par rapport à l’Eglise, l’homme se retrouve seul, éloigné d’une expérience religieuse sans pour autant avoir abandonné un vague espoir de rencontre, quelque part, en Eglise, justement.
Une fois de plus, on pourrait nous crier « casse-cou ». Certes, c’est notre deuxième risque. Et, en même temps, c’est l’explication de notre symbole et de notre vocation : le bâton de pèlerin, la route, l’horizon, le ciel, avec en plein milieu de tout, la croix, réalisant la fraternité de route.

– Comme des frères en Jésus…
F+R veut progresser dans le sillage du Christ ; tout en se sentant libre et à l’aise, il considère l’Institution Eglise dont il fait partie comme le canal qui a amené la Parole jusqu’à lui, quels qu’aient été les faiblesses, les crimes et les hypocrisies des hommes.
Nous sommes tous appelés à faire régner l’Amour, la Paix, la Joie et la Justice, et à offrir à nos frères les « talents reçus ». C’est là que s’aiguise notre esprit de service et que se diversifient les nombreux engagements de chacun, au sein de F+R et au sein du monde :

Mouvement de la jeunesse

– Comme le fruit d’un mouvement… de jeunesse.
C’est dans le scoutisme que F+R plonge ses racines profondes qui le nourrissent encore aujourd’hui, même si beaucoup de ses membres l’ignorent et même si certains ne s’en souviennent pas.
Ruisselle en F+R l’eau fraîche de sa source : son esprit festif, ses agapes, ses camps de Pentecôte aux feux joyeux sous le ciel sombre, ses marches à l’Etoile par les temps d’Epiphanie et dans les chemins creux, ses promenades familiales dans la nature, son week-end national, ses jours de formation à l’animation, sa revue toujours à l’affût d’un « plus », sa prière, sa charte et sa motivation essentielle : être prêt à servir. Malgré nos lacunes, nous portons la marque radieuse d’une vraie jeunesse. Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter un regard sur nos aînés, et de constater ainsi comment ils ont réussi à vieillir en préservant en eux cette fraîcheur d’âme qui est aussi notre capital.

– Comma un objectif non encore atteint…
F+R cherche encore un moyen d’approcher les jeunes de ses familles : certains sont indifférents au mouvement, d’autres lui sont hostiles parfois, d’autres encore intrigués, mais peu attirés, attendent que quelque chose se passe de bien, d’intéressant pour eux. Il arrive qu’une fois mariés, ces jeunes rejoignent une
équipe.
Le fait est peu fréquent. D’où l’urgence qu’il y a à se poser les bonnes questions, et à essayer de proposer de bonnes réponses.
La réflexion est en cours.

– Comme un partenaire parmi les partenaires…
Seul, on ne peut rien. Cela vaut pour l’individu, pour la famille, pour l’équipe, pour le mouvement.
Grâce à l’ANPAP et à Erpent, F+R a pu apprécier l’apport des autres mouvements dans la grande famille chrétienne, et cela l’a sans doute davantage éclairé sur ses propres priorités et sur son originalité. L’aventure continue, d’année an année, au fil de rencontres toujours plus enrichissantes et marquées de confiance mutuelle. Une telle ouverture est, en soi, un nouveau rajeunissement.

– Comme un enfant appelé à grandir…
« Je n’entrerai pas dans F+R. J’y connais un tel : il dit toujours du mal des autres. Et ça se prétend mouvement chrétien ! »
Hé oui ! Le fait d’être dans F+R ne délivre pas un label de qualité ou de perfection ! Ce serait plutôt l’aveu humble et sincère du besoin que l’on a des autres pour avancer avec eux sur la route en leur apportant de notre côté ce que nous sommes.
On entre dans F+R pour apprendre à devenir un peu meilleur, un peu plus homme, un peu plus frère du Christ.
Un peu plus soi, dans ce qu’il a à offrir du monde.

Marie-Jo et Pierre HALLEUX