Un curé si provocant que cela? Le Soir 29 décembre 2012

Dans le journal « Le Soir » de ce matin, j’ai lu l’article concernant le prêtre italien qui a fait scandale en placardant sur un des murs de son église, le texte suivant: « Les femmes qui provoquent par leur habillement succinct, qui s’éloignent de la vie vertueuse et de la famille, provoquent les instincts et doivent se livrer à un sain examen de conscience, en se demandant: peut-être le cherchons-nous? »

Au-delà du style (traduction littérale?) quelque peu brouillon, essayons d’entrer au coeur du sujet. Voilà une démarche et un texte maladroits, placard sans doute mal ficelé au niveau de sa tournure mais qui doit nous interpeller. Dans ce message, il y a des prises de position dangereuses et qui mettent toutes les femmes qui s’habillent bien ou « sexy » dans le même panier. Il est évident que peu (?) de femmes cherchent à se faire agresser et même assassiner en s’habillant de la sorte. « Qui s’éloignent de la vie vertueuse et de la famille » est une affirmation maladroite et fausse. Tout cela devait être évité.

Mais n’est-ce pas un peu trop facile de se dire que ce prêtre a tout faux? Le reportage d’une étudiante flamande réalisé dans les rues de Bruxelles dans le cadre d’un travail de fin d’étude (si j’ai bonne mémoire) a fait le buzz il y a quelques mois parce qu’il montrait combien un nombre certain de « malotrus » lançait des incitations au sexe, des insultes à l’encontre de cette jeune fille, habillée d’une robe d’été ni plus, ni moins provocante que celle que nos chères épouses portent elles-mêmes.

Alors, qu’est-ce à dire?

Que ce genre de réflexions écrite de la main d’un prêtre n’est peut-être pas de la meilleure idée, eu égard aux scandales perpétrés par un certain nombre de prêtres de l’Eglise catholique mis au jour depuis 5 ans. Que ce prêtre a fait preuve d’un certain courage sachant très bien qu’il allait susciter de fortes réactions (il ne savait peut-être pas qu’elles allaient toucher l’Europe aussi vite et sans doute plus loin encore) et, enfin, qu’il faut pouvoir encore affirmer certaines prises de position qui peuvent interpeller mais il faut prendre les précautions à propos de qui les écrit, du moment où elles sont écrites et surtout du choix des mots, des phrases pour ne pas provoquer la réaction exactement contraire à celle que l’on souhaitait.