Carême ? Vous avez dit Carême ? …

… Comme c’est ringard!

Le Carême, voilà la grande affaire !  Quelques rares âmes égarées se sont mises à trembler à l’approche du mercredi des Cendres (c’est quoi ?), il y a ceux qui ont pris des sages décisions bien notées sur un carnet ou dans un coin de leur cerveau, comme après le nouvel an, et ceux  qui ont dit « Mon Dieu, mais que vais-je faire de spécial ? ».

Aujourd’hui, presque au bout de ces 40 jours, où en sommes-nous les uns et les autres ?

Parfois nous nous débattons en solitaire au milieu de notre vie, si bien qu’il nous semble que nous n’avançons pas ou, pire, que nous retombons immanquablement dans nos ornières (nos œillères ?).  Pourtant les évangiles nous permettent de voir comment le Christ nous rejoint dans ce que nous sommes, dans notre humanité, notamment dans son combat mené au désert.  Le carême est une opportunité pour comprendre que nous ne sommes pas (les seuls) maîtres de notre vie.  Dur à admettre ?  Et pourtant !  Le moindre incident ou accident de parcours nous le rappelle douloureusement.  Les hasards, chances et opportunités nous le démontrent avec enthousiasme !

Mais s’il s’agit du Christ qui a « tout pris sur lui », et que l’on évoque l’éventualité de mettre nos vies entre ses mains, alors bonjour la révolte !  Je suis le premier à me rebeller !  Pourtant, lâchons un peu prise et rêvons un carême !  Pas un carême à notre mesure, mais prenons celle du Christ, surprenante, déroutante et … heureuse.

De la désespérance, il est toujours possible de passer au laisser-aller (laisser-faire).  Mais là aussi, le Christ nous montre un chemin de patience et de persévérance.  Il ne désespère pas devant notre apparente incapacité  à porter des fruits.   Il n’a jeté ni l’éponge, ni le gant !  La patience de Dieu nous prend à rebours de notre propre laisser-aller.  Il se tient au carrefour de nos errances, plus ou moins conscientes, plus ou moins volontaires, et nous interpelle doucement : « Crois en moi ! » (« Crois en toi ! »)

En nous interpellant par son évangile, son témoignage, sa présence, le Christ ne nous enferme pas dans la contrainte, bien au contraire : il nous propose de vivre au large, au grand air du ciel où souffle l’Esprit de liberté.  « La liberté ce n’est pas faire ce que l’on veut, c’est choisir ce que l’on fait » (Baudouin Ier).  Toute une nuance et tout un programme !

La conversion (qui est au centre du carême) ne serait pas dans la manière de choisir de se convertir, mais d’abandonner sa propre volonté pour se laisser convertir par le Christ, se laisser pétrir par le Christ.  C’est souvent ce dont témoignent des convertis.  La découverte d’un levain qui pétrit de l’intérieur !  Ainsi choisir ce que l’on fait signifiera vivre son quotidien d’une manière autre, avec le cœur du Christ, avec son regard, sa passion, sa compassion et sa délicatesse. Pas d’effort insurmontable, et pas non plus de route aplanie et sans caillou, rien ne change, rien n’est plus ou moins difficile, et pourtant tout change !

Bénédicte Ducastel (Magnificat)

Trahi et transformé par Marc -Poudrière